Kaly son histoire, notre histoire

« Tu regarderas, la nuit, les étoiles. C’est trop petit chez moi pour que je te montre où se trouve la mienne. C’est mieux comme ça. Mon étoile, ça sera pour toi une des étoiles. Alors, toutes les étoiles, tu aimeras les regarder… Elles seront toutes tes amies. » St. Exupéry
 
 
Ton histoire commence ici, mon ange… En septembre 2007, pour mon plus grand bonheur, je suis tombée enceinte. Le destin avait décidé de me faire ce merveilleux cadeau que de devenir maman pour la première fois. Ce brin de vie qui grandissait en moi nous offrait l’immense joie de concrétiser notre amour en devenant une famille.
 
Le 24 décembre, ce petit être se présenta à moi. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je le sentis gigoter dans mon ventre. Sensation inconnue mais forte agréable, le début d’une relation. Jour après jour, nous apprenions à faire connaissance avec lui. Je découvrais, avec passion, chacune de ses habitudes. Un lien particulier et plein d’amour venait à naître au sein de notre petite famille.
 
A l’échographie morphologique (20 semaines), le médecin nous annonce que c’est un petit garçon, mais qu’il y a peut-être un problème. Ses reins paraissent trop grands pour son âge. J’avais pourtant l’intime conviction qu’il était en parfaite santé et cette nouvelle venait nous bouleverser. Les médecins soupçonnent une insuffisance rénale à venir, mais n’en sont pas convaincus. Afin de connaître l’évolution de cet éventuel problème, nous devions nous y rendre toute les deux semaines. Malgré l’angoisse ressentie, nous gardions espoir en l’avenir.
 
Nous partions comme prévu en vacances une semaine au bord de la mer. Mon ventre grandissait de jour en jour. Notre petit garçon savait déjà prendre sa place. Il semblait nous faire comprendre qu’il appréciait ce climat ainsi que le doux murmure des vagues. Le moment était venu pour nous de choisir son prénom. Ensemble, nous décidions de l’appeler Kaly.
 
A 24 semaines, mes premières contractions apparaissaient en même temps que je tombais malade. Provenaient-elles du stress engendré par l’idée que notre enfant puisse avoir de graves problèmes de santé ? Dès lors, les médecins me mettaient en arrêt de travail afin que je puisse me reposer. J’avais alors tout mon temps à lui consacrer.
 
A 30 semaines de grossesse, dans le doute d’une naissance prématurée (estimée à 34 semaines), j’ai dû me rendre à l’hôpital pour recevoir deux injections de corticoïdes afin d’accélérer le développement des poumons de Kaly.
 
La semaine suivante, lors d’un contrôle gynécologique, le médecin s’aperçoit que mon col de l’utérus commence à s’ouvrir. Je suis donc hospitalisée. Notre inquiétude grandit. Nous avons peur d’un accouchement prématuré. Heureusement, j’avais toujours la sensation que Kaly se portait à merveille, comme si de l’intérieur, il partageait son énergie avec moi. Pendant ce temps, bonne nouvelle, un appartement plus grand, dans lequel il aura sa propre chambre, se libérait. Suite à quatre jours sous perfusion afin d’arrêter les contractions, les médecins introduisent un traitement par voie orale ayant les mêmes effets et me permettant ainsi de rentrer chez moi. Je dois prendre un comprimé toutes les 3 heures jour et nuit. La sage femme passe régulièrement à domicile pour contrôler mon état de santé, je n’ai plus de contraction et Kaly va bien. La situation s’est apaisée.
 
A 33 semaines de grossesse, mes amis déménagent toutes mes affaires. Mon compagnon prépare la chambre de Kaly. L’idéal serait de ne pas accoucher avant une semaine, mais le bébé est déjà viable. Ma famille et Tony achètent les dernières choses dont nous avons besoin. Je n’ai plus qu’à passer d’un appartement à l’autre. Je me réjouissais de construire cette nouvelle vie tant attendue. Tout était enfin prêt pour accueillir notre fils.
 
Samedi 12 avril, mes parents sont venus à la maison pour nous aider à finir les installations et c’est durant cette journée que notre vie a basculé. En allant me servir un verre d’eau, j’ai touché la machine à laver qui était éteinte. Une décharge électrique traversa mon corps. Inquiète, j’ai tout de suite regardé mon ventre afin de m’assurer que mon enfant se portait bien. Rassurée, j’ai senti que Kaly bougeait, mais je me souviens avoir dis à ma mère que ses mouvements ralentissaient. Je ne serai jamais pourquoi je n’ai pas eu le reflexe d’aller tout de suite à l’hôpital…
 
Le lendemain, je ne sens plus notre bébé bouger. Tony se fait du souci et moi aussi. Nous partons à l’hôpital pour faire un contrôle dans l’idée d’être rassuré. Je suis étendue sur le lit, une sage femme vient faire un monitoring. Les battements de cœur n’apparaissent pas. Elle appelle une collègue pour venir l’aider mais cela ne change rien. Tony regarde par la fenêtre, moi le plafond, nous avons les larmes aux yeux. Au fond de notre cœur, nous savons…
 
Les sages femmes changent de couleur et décident de faire une écographie. Je ne veux pas regarder l’écran mais c’est plus fort que moi, je tourne la tête. Notre fils ne bouge plus…. Son cœur a cessé de battre. La terre se dérobe sous nos pieds. Je dis à Tony de ne pas s’inquiéter car nous allons nous réveiller de ce cauchemar. Le médecin nous annonce que je vais devoir accoucher. Je refuse et quitte l’hôpital. Nous y retournerons le lendemain.
 
Kaly a quitté la vie au moment où il devait venir au monde. Dire que le jour précédent je prenais des comprimés pour ne pas accoucher trop tôt et qu’à cet instant, me retrouve sous perfusion pour provoquer l’accouchement de notre enfant mort-né qui a duré plus de 13 heures.
 
Gisèle, une de mes amies proches, qui avait été présente dès le premier jour de ma grossesse et qui attendait avec impatience l’arrivée de Kaly, était venue nous soutenir. Elle faisait partie des personne pour lesquelles il manifestait de l’intérêt. Par concours de circonstances, elle s’est retrouvée à nos côtés durant l’accouchement.
 
Kaly est né sans vie le 14 avril 2008 à 22h55. Nous l’avons tous pris dans nos bras pendant un long moment. Intérieurement, je priais pour qu’il se réveille. L’émotion dans cette salle était immense. Nous avions conscience que nous le voyons, le caressions, pour la première et la dernière fois. J’aurais voulu m’enfuir avec lui mais j’ai dû le rendre… Quelle déchirure ! Le lendemain nous sommes rentrés les mains vides a la maison avec comme seule consolation de ce drame, une photo et une emprunte de pied de notre bébé. Il mesurait déjà 48 cm et pesait 2kg200.
 
L’enterrement de Kaly a eu lieu le 6 mai 2008. Un petit bout de nous disparaissait sous terre a jamais. Comment admettre que notre propre enfant s’éteigne avant nous ? Comment imaginer laisser notre bébé tout seul ? Comment accepter que la mort nous arrache Kaly sans que nous ne puissions l’accompagner ? Pourquoi n’avait-il pas le droit d’être accueilli par la vie ?
 
L’autopsie à révélé que Kaly n’avait aucune pathologie, ni aux reins, ni ailleurs. Il avait seulement la taille d’un enfant de 36 semaines. L’expertise médicale a démontré que le choc électrique a créé une thrombose de l’aorte suivie d’une hémorragie. L’électrocution est due à une erreur de câblages lors des travaux de rénovation de notre appartement. La phase a été branchée sur la terre et c’est moi ou plutôt Kaly qui a fait office de terre…
 
Depuis, un ange veille sur nous.

– Lyvia